Évènement

Colloque étudiant 2024 du PRFM

Colloque étudiant 2024 – Comprendre la pluralité des familles au Québec: regards étudiants et approches interdisciplinaires

C’est avec un enthousiasme débordant que le partenariat de recherche Familles en mouvance tiendra la 5e édition de son colloque étudiant. L’évènement aura lieu le 30 avril prochain, en présence, au centre UCS de l’INRS, à Montréal. Organisé par et pour les étudiant.es, le colloque étudiant permettra d’offrir une tribune à la relève étudiante de 2e et 3e cycles dont les projets de recherche rejoignent les intérêts du partenariat.

L’évènement est gratuit, ouvert à tous et toutes, et inclut un service de traiteur sur l’heure du diner. Les inscriptions sont obligatoires.

Programme court

8h30
Accueil

9h00-9h30
Conférence d’ouverture
: Marilyne Brisebois (ministère de la Famille)

9h30-10h30
Session 1 : La place des grands-parents dans les familles

«Le grand-père contemporain : Construction identitaire et masculinité intergénérationnelle» 
(Mélissandre Leblanc, doctorat, Psychologie, UQAM)

«Grands-parents de petits-enfants nés par don de gamètes : les familles soloparentales se manifestent» 
(Eva Durris, doctorat, Psychologie, UQAM

«Attitudes des grands-parents (GP) québécois et français envers la parentalité LGBTQ+ de leurs enfants et liens d’attachement des petits-enfants (PE) à l’égard de leurs GP : le rôle médiateur de leur engagement» 
(Romane Villemin, doctorat, Psychologie, UQAM)

10h45-11h45
Session 2 : Le processus migratoire: enjeux familiaux et proche aidance

«La transition à la maternité chez les femmes immigrantes temporaires : enjeux et défis en contexte québécois» 
(Elisa B. Ramirez, maîtrise, Études des populations, INRS)

«Les proches aidants à l’ère de la migration internationale : étude de cas de la communauté magrébine de Montréal» 
(Amina Mezdour, doctorat, Santé et société, UQAM)

«Relation école-parent : Comment faciliter l’implication parentale des parents immigrants ayant un enfant avec TSA?.» 
(Myrna Derbas, maîtrise, Sciences de l’éducation, UdeM)

13h15-14h35
Session 3 : La famille hors des cadres normatifs

«La co-parentalité en contexte de non-monogamie consensuelle : état des connaissances» 
(Sophie Parent, doctorat, Travail social, U. Laval)

«Qui sont les « vrais » parents? : attachement et implication parentale dans des familles pluriparentales» 
(Guillaume Soubeyrand-Faghelt, doctorat, Psychologie, UQAM)

«Fonder une famille homoparentale dans une société hétéronormative : l’appréhension de la parentalité chez les couples lesbiens québécois» 
(Mathilde Renaud, maîtrise, Psychologie, UdeM)

«Fonder une famille homoparentale dans une société hétéronormative : l’appréhension de la parentalité chez les couples lesbiens québécois» 
(Roxane Guay, doctorat, Travail social, U. Laval)

14h50-15h30
Session 4 : La place des émotions dans le cadre familial

«Une exploration préliminaire des normes d’expression des émotions dans les familles du Québec» 
(Justine Richards, doctorat, psychologie, UQAM)

«L’émotif : un concept pour la sociologie de l’intimité» 
(Jules Pector-Lallemand, doctorat, sociologie, UdeM)

Clôture, cocktail et présentation par affiches

Inscription (obligatoire)
ColloqueÉtudiant2024
Le diner est fourni sur place. Voulez-vous une boîte à lunch…

PROGRAMMATION DÉTAILLÉE

Invitée spéciale : Marilyne Brisebois, ministère de la Famille

Marilyne Brisebois est diplômée du doctorat en histoire de l’Université Laval depuis 2022 et travaille en recherche au ministère de la Famille depuis 2018. La présentation abordera sa trajectoire aux études doctorales et se penchera sur la fonction publique québécoise comme avenue ouvrant des possibilités de carrière en recherche en dehors de l’université.

Session 1

La place des grands-parents dans les familles

Mélissandre Leblanc, doctorat, psychologie, Université du Québec à Montréal

Le grand-père contemporain : construction identitaire et masculinité intergénérationnelle

Se modelant à partir de facteurs intrafamiliaux et sociétaux, l’identité grand-paternelle contemporaine se redéfinit à chaque génération. La recherche familiale s’intéresse peu aux réalités des grands-pères d’aujourd’hui, qui font face à des refontes culturelles en lien avec l’évolution de la masculinité et de la place de l’homme dans la famille. Cette étude vise à explorer ce processus de construction identitaire en fonction des représentations de la masculinité des grands-pères dans une perspective intergénérationnelle. La méthodologie est qualitative et inspirée de la MTE ou «grounded theory» proposant différents niveaux d’analyse : analyses compréhensives et analyses thématiques devenant conceptualisantes. Deux entrevues séparées de 7 à 10 jours ont été menées auprès de cinq participants (10 entrevues).

Les résultats préliminaires présentés ici sont tirés des analyses compréhensives qui montrent que les grands-pères vivent une période de remaniement identitaire significatif lors de leur transition à la grand-paternité. Les participants interrogés racontent leur rôle de grand-père à travers leur vécu de père, fils et petit-fils dans une perspective de réflexion transgénérationnelle, et rapportent comment ce rôle est influencé par les représentations familiales et sociales de la masculinité. Ainsi, ils adoptent souvent une posture moins ancrée dans les rôles genrés, notamment en se permettant d’être plus affectueux avec les petits-enfants. La discussion portera sur le processus de construction de leur identité grand-paternelle lors de la transition à la grandpaternité en faisant ressortir les aspects contemporains et spécifiques à cette étape de vie.

Eva Durris, doctorat, psychologie, Université du Québec à Montréal

Grands-parents de petits-enfants nés par don de gamètes : les familles soloparentales se manifestent

Les transformations sociétales et les avancées des technologies de la reproduction ont permis l’émergence de nouvelles façons de faire-famille. Au cœur de ces évolutions, les familles ayant eu recours à la procréation assistée sont de plus en plus étudiées en recherche mais la génération grand-parentale et les liens qu’elle entretient avec celle des petits-enfants restent encore peu voire non considérés dans ces études. L’objectif de cette recherche est d’explorer le vécu des grands-parents d’un petit-enfant né par don de gamètes. Huit grands-parents de familles soloparentales ayant eu recours au don de gamètes sont, pour le moment, les seuls à avoir répondu à l’appel. Pour chaque participant grand-parent trois à quatre entrevues semi-dirigées d’une durée de 60 à 120 minutes ont été réalisées avec passation d’un génogramme, sorte d’arbre généalogique, inspiré du génogramme libre GL. La collecte et l’analyse des données sont en cours de réalisation selon une méthodologie qualitative inspirée de la méthodologie de la théorisation enracinée. Suivant le principe de circularité un premier niveau d’analyse compréhensive a été réalisé au fil de la collecte des entrevues. Seront ici présentés l’analyse des entrevues et des GL de trois participants (n=10 entrevues et 3 GL) permettant de dégager les résultats préliminaires suivants : 1) des inquiétudes en premier lieu orientées vers la soloparentalité 2) un petit-enfant précieux 3) une identité d’entre-deux, entre parent et grand-parent 4) une mise à distance ou ambivalence face aux donneur et donneuse. Seront discutés les besoins et attentes des familles soloparentales, les liens avec la littérature ainsi que les suites de la recherche.

Romane Villemin, doctorat, psychologie, Université du Québec à Montréal

Attitudes des grands-parents (GP) québécois et français envers la parentalité LGBTQ+ de leurs enfants et liens d’attachement des petits-enfants (PE) à l’égard de leurs GP: le rôle médiateur de leur engagement

Dans la littérature, les relations entre PE et GP et leur influence sur le développement des enfants sont peu explorées contrairement aux relations avec les parents ou les pairs. Bien que plusieurs recherches soutiennent l’idée que les GP exercent une influence positive sur le développement de leurs PE dans les familles hétérosexuelles, les résultats demeurent hétérogènes et manquent de spécificité. Afin de mieux appréhender les effets des relations intergénérationnelles sur le développement des enfants, il serait essentiel de préciser davantage les contextes interpersonnels et structurels dans lesquels les influences directes ou indirectes des GP s’actualisent. De plus, il existe peu de données scientifiques relatives aux liens intergénérationnels dans les familles LGBTQ+. Objectifs : 1) évaluer et comparer les attitudes des GP français et québécois envers la parentalité LGBTQ+ de leurs enfants; 2) examiner le lien entre les attitudes des GP français et québécois envers la parentalité LGBTQ+ de leurs enfants et la qualité d’attachement des PE à l’égard de leurs GP; 3) vérifier si l’engagement émotionnel des GP envers leur PE médiatise le lien entre leurs attitudes envers la parentalité LGBTQ+ de leurs enfants et la qualité d’attachement des PE à l’égard de leurs GP. Afin de répondre aux objectifs de recherche, un devis quantitatif sera utilisé afin d’examiner comment ces trois variables (attitudes, engagement et attachement) s’articulent entre elles. 1) Questionnaire sociodémographique; 2) The Attitudes Toward Gay and Lesbian Parenting Scale de Costa, P. A et al (2014); 3) The Grandchildren’s Received Affection Scale (GRAS) de Mansson, D. H. (2013), utilisée pour mesurer l’engagement émotionnel PE-GP. 4) The Security Scale (SS) de Kerns et al. (2000) adaptée pour évaluer la sécurité d’attachement des PE aux GP. Cette recherche a été développée en s’inspirant du modèle de la mutualité des relations GP-PE de Kahana et al (2019).

Session 2

Le processus migratoire : enjeux familiaux et proche aidance

Elisa B. Ramirez, maîtrise, études des populations, Institut national de la recherche scientifique

La transition à la maternité chez les femmes immigrantes temporaires : enjeux et défis en contexte québécois

Le nombre de personnes « résidentes non permanentes » au Québec et au Canada a augmenté considérablement (Diallo et al. 2022 ; Tuey et al. 2023). En lien avec des tendances mondiales de circulation migratoire, la politique canadienne se traduit par une forte hausse des entrées de migrantes munies d’un permis de résidence temporaire (Coustere et al. 2021). Or, le vécu de différentes transitions de vie lors des séjours temporaires est encore faiblement exploré dans la littérature.

Le statut de résidente temporaire s’accompagne souvent de droits moindres et de conditions de vie précaires (Coustere et al. 2021) qui rendent cette population plus vulnérable lors de l’arrivée d’événements majeurs, comme la transition à la maternité. Dans ce processus, la période périnatale est une étape critique impactant le développement de la vie entière des individus (MSS 2020). Les femmes immigrantes sont plus à
risque de souffrir d’anxiété et de dépression postpartum, due au manque de soutien social, la surexposition à la violence conjugale, les barrières culturelles et d’accès aux soins (Hyman 2020). Cette recherche vise ainsi à documenter des expériences périnatales qui se croisent avec la multiplicité des trajectoires migratoires des femmes, sous la perspective de théorie du parcours de vie.


Des entretiens semi-directifs ont été réalisés en 2023 auprès de dix femmes arrivées à Montréal dans les cinq dernières années et qui sont devenues mères en ayant un statut migratoire temporaire, afin d’explorer l’expérience de la grossesse, l’accouchement et les premiers mois du postpartum. L’analyse thématique montre les écarts entre les procédures institutionnelles associées aux parcours de soins périnataux et les
multiples transitions entre les différents statuts migratoires qui affectent l’accès de ces femmes aux soins. Les récits des femmes relèvent que vivre simultanément l’adaptation au nouveau pays et l’expérience de maternité peut déclencher de forts sentiments d’instabilité et d’incertitude.

Amina Mezdour, doc., prog. interdisciplinaire en santé et soc., Université du Québec à Montréal

Soutenir un proche âgé en contexte minoritaire et d’immigration : étude de cas de la communauté magrébine de Montréal

Bien avant la crise sanitaire du COVID-19 qui les a mis de l’avant, les proches aidants jouaient un rôle crucial auprès de personnes atteintes d’incapacités en raison du manque de main-d’œuvre dans le réseau de la santé et du vieillissement démographique que connait le Québec. Les vécus et effets délétères du soutien informel sur le bien-être et la santé des aidants sont bien documentés par la littérature scientifique selon les contextes du soutien (ex. proche atteint de démence, souffrant de maladies chroniques, en fin de vie) et en fonction de certains nombres de facteurs sociodémographiques et économiques (ex. l’âge, le genre, le statut socioéconomique). Toutefois, ces études dressent un portrait général et uniforme des réalités et besoins des proches aidants qui est loin de refléter la réalité des expériences de l’ensemble de la population québécoise, une société construite sur l’immigration successive et continue des personnes. À l’image de la diversité ethnoculturelle, le soutien informel est également appelé à être hétérogène.

La question se pose dès lors : Comment est-ce que les proches aidants, qui incarnent les solidarités familiales, perçoivent et vivent-ils l’accompagnement d’un proche âgé en contexte minoritaire et migratoire ? Pour le présent colloque, nous présenterons les résultats préliminaires de notre recherche doctorale portant sur les réalités des familles immigrantes qui soutiennent un proche âgé qui vit au Québec dans la perspective de déceler les spécificités propres aux dynamiques familiales immigrantes et au soutien informel au sein de celles-ci. Notre recherche vise à donner un nouveau visage à la proche aidance au Québec, celui de la diversité ethnoculturelle issue de l’immigration et mieux informer les décideurs politiques, les travailleurs du réseau de la santé ainsi que les intervenants communautaires sur les réalités du soutien informel en contexte minoritaire et migratoire au Québec, dans le but d’adapter l’offre de services de soutien à ce profil de proches aidants.

Myrna Derbas, maîtrise, sciences de l’éducation, Université de Montréal

Relation école-parent : comment faciliter l’implication parentale des parents immigrants ayant un enfant avec TSA?

En 2009, le ministère de l’Éducation, du Loisir et du Sport a voulu impliquer davantage les parents à l’école, selon son plan d’action pour augmenter le taux de réussite. Selon certaines recherches, donner une place aux parents serait important pour la réussite éducative pour les élèves. Pour les familles issues de l’immigration et ayant un enfant avec un trouble de l’autisme (TSA), elles font face à un double défi, ce qui peut influencer l’implication parentale (des pratiques parentales que les parents vont user dans la scolarité de leur enfant). En effet, l’immigration amène des défis aux parents désirant s’impliquer, comme la barrière linguistique ou la représentation sociale de l’école. De plus, avoir un enfant avec TSA peut aussi amener des défis à l’implication comme la perception négative qu’a le personnel scolaire de l’advocacy parental (un terme désignant la revendication de droits) ou l’accès difficile aux services. Ainsi, une famille vivant les deux situations peut faire face à tous ces défis.

Dans cette communication, nous nous concentrerons sur un de nos objectifs qui était de décrire les facilitateurs et les obstacles aux différentes pratiques d’implication selon les parents. Suivant une méthode qualitative, nous avons passé un entretien à nos participantes ayant au moins un enfant avec TSA. Selon nos résultats, nous voyons entre autres que la relation qu’ont les parents avec l’école a une grande influence sur l’implication parentale. En effet, lorsque la relation est positive avec l’école, les parents sont plus enclins à s’impliquer auprès d’elle alors que lorsque la relation est plus négative, ces mêmes parents n’ont pas le désir de s’impliquer.

– Session 3 –

La famille hors des cadres normatifs

Sophie Parent, doctorat, travail social, Université Laval

La co-parentalité en contexte de non-monogamie consensuelle : état des connaissances

La non-monogamie consensuelle (NMC) est un terme parapluie qui englobe l’ensemble des relations dans lesquelles les partenaires consentent à vivre des relations parallèles, de nature amoureuse et/ou sexuelle au-delà du modèle du couple dyadique. Actuellement, entre 2,4% et 4% des canadien·ne·s vivraient leurs relations de façon NMC et jusqu’à 12% de la population considèrerait ce mode relationnel comme étant idéal. Au Canada et aux États- Unis, une personne sur cinq aurait déjà expérimenté ce genre de relation.

Concernant la présence d’enfants, 22,5% des personnes NMC interrogées dans le cadre d’une enquête canadienne ont déclaré avoir au moins un enfant vivant avec eux (Fairbrother et al., 2019). Les arrangements familiaux sont variables, ainsi que le degré d’implication des différents partenaires auprès des enfants : certains cachent leur mode relationnel, d’autres le dévoilent, et certains intègrent d’autres partenaires comme parents à part entière (Alarie et al., 2021). Sur le plan légal, le Québec et plusieurs autres provinces canadiennes ne reconnaissent pas l’existence de plus de deux parents, ce qui peut s’avérer problématique pour les familles NMC pratiquant la coparentalité lors de séparations, en cas de décès d’un parent ou pour des questions liées à la garde et aux soins des enfants.

En concordance avec les deux premiers axes de la programmation scientifique du PRFM, cette communication visera donc à présenter un premier état des connaissances sur l’exercice de la coparentalité en contexte NMC : Qui sont ces familles? Quels sont les défis qu’elles rencontrent? Comment se vit l’exercice de la coparentalité au quotidien? Que sait-on de leur rapport aux différentes institutions? En guise de conclusion, différentes pistes de recherches pour le futur seront discutées.

Guillaume Soubeyrand-Faghelt, doctorat, psychologie, Université du Québec à Montréal

Qui sont les « vrais » parents? : attachement et implication parentale dans des familles pluriparentales

Au cours des dernières décennies, la famille traditionnelle québécoise a connu d’importantes mutations à travers l’émergence de nouvelles configurations familiales. Parmi elles figurent les familles pluriparentales, situations dans lesquelles plus de deux adultes exercent des fonctions parentales envers un enfant. Principalement constituées de parents LGBTQ+ et d’unités relationnelles polyamoureuses, ces familles reflètent la redéfinition contemporaine de la conjugalité, de la parentalité et des rapports entre les sexes, et incarnent en outre la reconnaissance croissante du caractère social et volontaire des liens de filiation dans nos sociétés autrefois accoutumées à ne valoriser que la dimension biogénétique.

À ce jour, les milieux de la recherche n’ont que très peu étudié les phénomènes propres à ces familles autrement que d’un point de vue socioanthropologique ou juridique. Sur le plan psychologique, la sécurité d’attachement, dont l’impact crucial sur le développement psychoaffectif des enfants a été abondamment documenté, n’a jamais été évaluée chez des enfants de familles pluriparentales, et ce en dépit du rôle capital qu’y jouent les parents. Ma thèse portant sur l’implication parentale et la qualité de l’attachement d’enfants de familles pluriparentales vise à pallier cette lacune. Dans le cadre de ce colloque, je propose de présenter une synthèse des connaissances et enjeux relatifs à la qualité d’attachement et aux familles pluriparentales. J’y exposerai ensuite mes objectifs, mes hypothèses et ma méthodologie de recherche. Enfin, je mettrai en exergue la pertinence sociale et scientifique de documenter le fonctionnement de ces familles, pour en dégager les potentielles retombées théoriques, politiques, juridiques et cliniques.

En fournissant des données empiriques sur le développement psychoaffectif des enfants de familles pluriparentales, j’espère combler une carence qui constitue actuellement un terreau fertile pour des interventions cliniques et des décisions légales mal informées au potentiel préjudiciable, risque dédoublé par l’absence de reconnaissance légale de la pluriparentalité au Québec.

Mathilde Renaud, maîtrise, psychologie, Université de Montréal

Fonder une famille homoparentale dans une société hétéronormative : l’appréhension de la parentalité chez les couples lesbiens québécois

Peu de recherches existent sur l’appréhension et la prise de décision en matière de parentalité chez les couples lesbiens, en particulier en contexte canadien et québécois. Il est crucial de considérer les préoccupations de ces couples dans une société empreinte de normes genrées et hétéronormatives, pouvant entraîner du stress ainsi que des préoccupations supplémentaires. La présente étude a donc pour objectif d’explorer les motivations des couples lesbiens à fonder une famille homoparentale, de relever leur vision d’un modèle parental au sein d’une société hétéronormative ainsi que d’explorer leurs perceptions de la parentalité lesbienne et l’impact perçu de celle-ci sur leur relation conjugale. Cinq couples souhaitant entamer la création d’une famille ont été rencontré lors d’un entretien semi-structuré. Les aspirations de ces couples à la parentalité ont été explorées via l’approche phénoménologique.

Les résultats démontrent que les couples lesbiens manquent de modèles ressemblant à leur futur modèle parental. Les participantes ont également mentionné avoir les mêmes motivations pour fonder une famille que les couples hétérosexuels et elles prévoient répartir les responsabilités familiales de manière flexible, sans se conformer aux normes de genre traditionnelles. Les analyses ont suggéré que dans le climat libéral québécois, l’idéologie de l’homoparentalité est presque indiscernable de la parentalité traditionnelle dans l’esprit des couples lesbiens. Ces femmes se voient simplement comme de futures mères qui, bien qu’étant dans une relation de même sexe, accueilleront un enfant avec amour, équilibre et bienveillance. Selon elles, des défis, étant moins courants que chez les couples hétérosexuels, pourraient émerger, mais leur statut relationnel n’est pas perçu comme ayant un impact sur leur volonté et leur capacité à élever des enfants. Cette étude permet de mieux comprendre les perceptions et les appréhensions des couples lesbiens qui envisagent la parentalité en 2023 tout en éclairant les acteurs sociaux et intervenants(es) dans le milieu.

Roxane Guay, doctorat, travail social, Université Laval

La gestation pour autrui en contexte transnational : état des connaissances et avenues théoriques pour mieux saisir l’expérience des femmes porteuses et des parents d’intention de l’étranger

La gestation pour autrui (GPA) est une méthode d’assistance à la procréation pour laquelle une femme accepte de porter et de donner naissance à un enfant avec l’intention de le confier à un autre individu ou couple. Pour des motifs sociohistoriques, religieux ou moraux, plusieurs pays, dont la France, la Suisse et l’Italie, interdisent cette pratique sur leur territoire, obligeant la mobilité de ces parents d’intention à l’extérieur de leur pays de citoyenneté ou de résidence pour y avoir accès. Ceci fait émerger des réflexions quant aux difficultés supplémentaires que supposent ces arrangements dans un contexte transnational et qui participent à forger la singularité de cette expérience.

L’objectif cette communication est de présenter l’état actuel des connaissances qui permettent de saisir les enjeux juridiques, administratifs et sociaux relatifs aux ententes de gestation pour autrui qui se déroulent dans un contexte transnational. La littérature soulève les difficultés liées à la détermination de la parentalité, étant donné les disparités entre les cadres juridiques à l’international qui impliquent un important travail bureaucratique pour les parents d’intention étrangers qui souhaitent retourner dans leur pays avec l’enfant. Au niveau social, les personnes autrices notent l’importance des réseaux de soutien informels en ligne pour la prise d’information quant aux procédures et le choix de la destination comme stratégie de mise à distance de la femme porteuse, ou bien, d’un rapprochement au niveau culturel, permettant de garder un contact au-delà de la naissance de l’enfant. Finalement, quelques avenues théoriques seront explorées pour aborder le sujet, dont les concepts du travail reproductif, dont l’analyse permet de sortir de la distinction binaire entre l’exploitation et la liberté individuelle des femmes porteuses et celui de la maternité intensive, qui impose une pression sur les femmes en supposant qu’elles devraient se consacrer pleinement à leurs enfants avant toute chose.

Session 4

La place des émotions dans le cadre familial

Justine Richards, doctorat, psychologie, Université du Québec à Montréal

Une exploration des normes d’expression des émotions dans les familles du Québec

Les normes d’expression des émotions (NEE) sont définies comme des normes sociales dictant l’expression des émotions dans un contexte interpersonnel, afin de répondre aux exigences d’un rôle (Ekman et al., 1975) . Ces normes influencent la façon dont les individus expriment leurs émotions dans des contextes sociaux à travers, entre autres, la suppression ou l’expression d’émotions particulières. Elles ont été particulièrement étudiées dans le contexte professionnel, étant donné leur influence négative sur la santé des salariés (p. ex. : une hausse de l’épuisement émotionnel et des émotions négatives) . Toutefois, peu d’études s’intéressent à ces normes perçues dans la famille et leurs conséquences sur l’individu. Pourtant, il est reconnu que les NEE sont présentes dans la famille ( Moran et al., 2013) et que se conformer à certaines d’entre elles influencerait négativement la santé des parents (p. ex. : les normes liées à la parentalité positive).

Ainsi, cette recherche a pour objectif d’explorer les NEE perçues par les parents d’enfants âgés de 5 à 13 ans. Onze entrevues individuelles semi-dirigées auprès de parents établis au Québec, d’une durée approximative d’une heure, ont été effectuées jusqu’à présent. Quatorze entrevues seront menées d’ici le 27 mars 2024. Ces entrevues portent sur l’expression des émotions au travail et dans la famille, ainsi que les perceptions des parents face à leur expression affective et les conséquences qu’elle peut entraîner. Les six étapes de l’analyse thématique de Braun et Clarke (2006) seront utilisées pour mettre en lumière les NEE familiales perçues par les parents québécois. Cette analyse permettra également d’explorer les similarités et les différences dans les perceptions des parents en fonction de leur genre.

Jules Pector-Lallemand, doctorat, sociologie, Université de Montréal

L’émotif : un concept pour la sociologie de l’intimité

La sociologie de l’intimité – l’étude des relations amoureuses et sexuelles – est un champ émergent qui tend à s’autonomiser de la sociologie de la famille. La sociologue montréalaise Chiara Piazzesi (2022) propose de décomposer analytiquement l’intimité en quatre sphères : sexualité, conjugalité, domesticité, sentiments amoureux. Alors que les trois premières sphères sont largement étudiées, les sentiments amoureux restent quelque peu sous-théorisés.

Cette présentation propose d’importer en sociologie de l’intimité les outils théoriques novateurs forgés au cours des 25 dernières années par l’histoire des émotions nord-américaines. Les concepts d’émotif et de communauté émotionnelle transforment le statut épistémologique de l’émotion. Ils permettent le dépassement du dualisme cartésien émotion/cognition auquel se butte irrémédiablement la sociologie de l’intimité. En effet, que l’on appréhende les récents changements dans la sphère intime de manière positive (comme progrès d’une réflexivité égalitaire) ou de manière négative (comme progrès de la rationalité du marché, on raconte toujours notre époque comme celle du progrès de la raison et du recul de l’émotion.

C’est au courant d’une enquête sur la jeunesse (18-35 ans) urbaine et scolarisée de Montréal et de Paris que les limitent de ce dualisme se sont fait sentir. Les participant∙e∙s de l’enquête font preuve d’un discours réflexif/rationnel de nature psychologique et critique sur l’amour. Celui-ci dénonce la « toxicité » et loue la « vulnérabilité ». Contrairement à ce que suggère le récit sociologique du progrès de la raison, ce discours ne freine pas le développement de sentiments amoureux. Au contraire, il alimente la croyance en l’amour et intensifie les sentiments. Il convient alors de repenser le rôle des énoncés émotionnels (émotifs). Les mots ne sont pas qu’une simple mise en forme intellectuelle d’un matériau préexistant et irrationnel; ils produisent en réalité des effets autoexploratoires et automodifiants. Puisque les mots façonnent la réalité qu’ils sont censés décrire, la séparation analytique entre la forme et le contenu, la cognition et l’émotion, devient dès lors caduque. J’ai ajouté des références pertinentes, mais pas Illouz. Cette dernière fait pour une sociologie des émotions sans définition sociohistorique de l’émotion, ce qui est précisément le problème que cette présentation tente de résoudre. Je précise plus loin.